Activité physique individuelle, en couple conconfiné
par Denis Bernet-Rollande, acteur & metteur en scène
Lors de nos promenades d’une heure et d’un kilomètre autour de chez soi, nous allions sur le plateau derrière la maison par des chemins creux ignorés jusque-là, détrônés qu’ils étaient par la plage et les chemins côtiers. L’espace y est vaste, très venté, assez froid. Ce sont nos Hauts de Hurlevent. Les génisses nous regardent passer d’un œil blasé mais alors que l’on s’arrête pour les observer elles s’approchent une après l’autre, les dernières en courant pour ne pas manquer notre spectacle. Elles se rangent le long de la clôture et prennent la pose. En redescendant sur la côte nous croisons Zola un grand chien noir de nos amis qui vient en vain chercher une caresse. En s’approchant de la maison nous sommes harcelés par le petit roquet de Guillaume le joli jardinier piètre dresseur.
Un jour, bravant l’interdiction, nous prenons le sentier des douaniers laissé à l’abandon, aux ronces et aux hautes herbes. Nous sommes alors précédés par une chouette qui nous montre le chemin ou nous indique que nous sommes sur ses terres. En plusieurs fois elle file devant, disparaît dans un buisson, en ressort à notre approche, repasse devant, marquant son territoire d’une blanche fiente. Plus loin le chien de la ferme nous aboie vigoureusement tirant sur sa chaine autour du disque de son territoire pelé.
Le jour suivant une biche bondit devant nous, fait le tour d’un champ et s’enfonce dans un chemin creux ensauvagé et barrés d’arbres abattus par les tempêtes. Le chien de la ferme se lève à notre approche et nous aboie tout de même un peu. Il fait le job.
Bientôt n’en pouvant plus nous descendons par une sente très pentue jusqu’à l’eau et prenons le premier bain très froid, très interdit, à poil, ravis d’enfreindre enfin les règles du conconfinement. Quand nous passons devant la ferme, le chien debout nous regarde passer, stoïque.
Hier nous marchons légers heureux vers notre Corona-plage, croisons une de nos bonnes copines
- comment allez-vous les garçons ?
- Très bien merci
- Ah bon vous êtes bien les seuls !
Nous filons le sentier, puis la sente pentue et à l’eau, très froide et défendue, à poil quel régal, un, puis deux phoques nous observent de loin. Quand nous passons devant la ferme nous saluons le chien qui sans bouger nous jette un bon regard. Aujourd'hui sans doute il remuera la queue.
À suivre ! Denis Bernet-rollande